Arbre généalogique

papa-verlaine
Nicolas Auguste Verlaine père du poète (officier de l’armée française)
elisa-verlaine-mere-de-du-oete
Elisa Stéphanie Dehée mère du poète.

Une grossesse difficile

Hélas! En dépit des prières d’Elisa, l’impossibilité d’une naissance normale semble peser comme une malédiction sur le couple. Or, en 1836, une soeur d’ Elisa, Catherine-Adélaïde, femme du maréchal-ferrant Augustin Moncomble, meurt, laissant un garçon de douze ans, Victor, et une petite Elisa, qui vient de voir le jour. Le père est manifestement incapable de s’occuper d’un nourrisson dans ses langes. Aussitôt, Elisa décide de prendre en charge le bébé. Puisque Dieu lui refuse un enfant tiré de sa chair, elle reportera toute son affection sur sa nièce et la traitera en fille adoptive. Le supplément de dépense qui en résultera ne pose aucun problème: la situation des Verlaine est aisée, car, à la solde du capitaine, s’ajoutent les revenus de la dot de son épouse. Elisa n’abandonne pas l’espoir d’avoir un jour son propre rejeton à soigner et à chérir. Et le miracle se produit. Après bientôt douze ans de mariage et deux fausses couches, elle s’aperçoit qu’elle est de nouveau enceinte. Faudra-t-il rajouter, dans l’armoire funèbre, un troisième bocal avec son homoncule avorté baignant dans l’esprit-de-vin?
Dans le modeste appartement des Verlaine, au numéro 2 de la rue Haute-Pierre, à Metz, règne une atmosphère de préparatifs et d’implorations. Bien que lourdement déformée par la grossesse, Elisa s’agenouille dix fois par jour sur le prie-Dieu.

Enfin!

Enfin,le 30 mars 1844, à neuf heures du soir, elle accouche d’un garçon qui semble solidement constitué. Vivant, il est vivant, et il crie! Le père et la mère versent des larmes de gratitude devant ce cadeau de la Providence. Immédiatement, Elisa décrète que le nouveau-né sera l’enfant de la Sainte Vierge, se prénommera Paul-Marie et se verra voué au bleu et au blanc jusqu’à l’âge de sept ans. Penchée sur le berceau, elle veut se persuader que son bébé est le plus beau de la terre. Mais elle doit se forcer un peu pour reconnaître  un ange dans ce poupon au teint livide, au front bombé et au nez camard. Quand il sommeille, les yeux clos, la bouche entrouverte, on dirait une petite tête de mort dont le poids creuse à peine l’oreiller de dentelle. Survivra-t-il aux maladies infantiles? Ce n’est pas tout de mettre un bébé au monde, songe Elisa, il faut encore le préserver, l’élever, le sauver…. Déjà elle sent que, même détaché d’elle en apparence, il ne quittera jamais la chaleur de son ventre. Il fut baptisé en l’église Notre-Dame de Metz. Son parrain est le lieutenant-colonel Grandjean, celui-là même qui a poussé Nicolas-Auguste à embrasser la carrière militaire; sa marraine est sa tante Louise, née Verlaine. Tous deux sont respectables et de bon conseil. Mais, empêchés, ils se sont fait représenter à la cérémonie. Qu’importe, on pourra compter sur eux dans les moments difficiles.

enfant
Verlaine enfant.

Rendu à la vie civile, Nicolas Auguste commence par prendre un peu de repos avec sa famille, à Paliseul, chez sa sœur Louise-Henriette Grandjean, devenue veuve l’année précédente. Dès le début de ce séjour, Louise et ses amis, les Pérot, sont stupéfaits de la tyrannie que Paul exerce sur ses parents. Il n’écoute personne et on lui passe tout. Habitué à être le centre du monde, il pique des fureurs trépignantes dès qu’on le contrarie et ne se calme que si les grandes personnes cèdent à sa volonté. Ainsi, apprenant un jour que son père a décidé de ne pas l’emmener en excursion aux grottes de Han, il pousse de tels hurlements et se convulse si fort que cet homme, qui a pourtant commandé des troupes sous le feu de l’ennemi, bat en retraite et promet au « petit » qu’il sera de la promenade. Une autre fois, en visite chez des amis, le « petit » se réfugie dans le jardin et s’amuse à découper en menus morceaux le haut-de-forme de son père. Surpris dans cette occupation sacrilège, il désigne les lambeaux de soie noire et déclare: « Ça, c’est des carottes, ça des poireaux, ça des haricots!  » Puis, comme on vient de parler à table du régime alimentaire des pensionnaires de l’institution des Invalides à Paris, il brandit la coiffe déchiquetée du chapeau et s’écrie: « Ça, c’est la marmite des Invalides! » Au lieu de se fâcher, Nicolas-Auguste, qui est décidément dans un bon jour, prend le parti de rire. Stéphanie est soulagée, Louise est consternée. Pour la première, l’enfant à toujours raison; pour la seconde, il n’y a pas d’éducation sans autorité.

 

Maison natale verlaine

Paul Verlaine est né ici au n°2, rue de la Haute- Pierre à Metz, le 30 mars 1844.