Le presbytère de l’abbé Xavier Delogne

« Le curé, depuis je crois grand vicaire de Namur, avait un bien beau verger, où d’innombrables fruits, poires, pommes, noix, raisins et, en été, fraises, cerises, prunes, abricots (au vent, je vous en réponds) étaient très bons … et très courus. »

« Mais les truites de la Semoy! » que Verlaine pêche avec ses amis d’enfance, Xavier et Jean-Baptiste Delogne, laisseront au poète un souvenir impérissable.

« Les truites! Que la révérence m’empêchera, cette fois, de qualifier de divines, mais qu’un respect attendri non moins que rétrospectif et qu’une reconnaissance un peu profane peut-être, dans le cas, ne m’empêchera, mordieu pas! De magnifier de cléricales, les truites de la Semoy, dignifiables même de saumonées, consommées en toute dilection, en compagnie  de plusieurs confrères ecclésiastiques qui résistaient difficilement au péché de gourmandise! Ce bon curé, ô les truites de la Semoy!

Je m’en souviens d’autant plus et, pour en revenir au sérieux dû d’autant mieux que quelque chose de cordial se mêle à ces fumets gastronomiques. Quelque chose de cordial, d’intellectuel aussi, et de mieux encore. »

Avec une fine pointe d’humour, Verlaine ne put s’empêcher de vanter ces truites exquises: ces truites cléricales, des truites qualifiables vraiment de surnaturelles.

Il gardera toute sa vie des contacts avec son ami Jean-Baptiste.12 L’abbé Xavier Delogne qui recevait Verlaine

Devenu doyen de Bouillon, l’abbé Delogne écrit à son sujet, en 1863: « Sa nature est restée bonne, je crois. Il m’a avoué certaines faiblesses… et m’a confié sa peur de Paris. »

C’est d’ailleurs à Bouillon que, le 25 mai 1873, il retrouve son jeune ami Arthur Rimbaud. Ils vont y faire la bringue, avant de prendre la route de Londres.

 

 

Sur l’herbe

– L’abbé divague. – Et toi, marquis,
Tu mets de travers ta perruque.fetes-galantes

– Ce vieux vin de Chypre est exquis
Moins, Camargo, que votre nuque.

– Ma flamme … – Do, mi, sol, la, si.
L’abbé, ta noirceur se dévoile!

– Que je meure, mesdames, si
Je ne vous décroche une étoile!

– Je voudrais être petit chien!

– Embrassons nos bergères, l’une
Après l’autre. – Messieurs, eh bien?

– Do, mi, sol. – Hé! bonsoir la Lune!

Extraits de Fêtes galantes.