L’hôtel des « Ardomphes »

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« Dès le 20 avril 1873, précisent Henri Matarasso et Pierre Petitfils dans leur Vie d’Arthur Rimbaud, s’instaura une aimable tradition: la rencontre, chaque dimanche des trois amis. » (Verlaine, Delahaye et Rimbaud)
Un rendez-vous est prévu à Sugny, mais le 15, Verlaine prévient Delahaye qu’il sera à Bouillon le « dix-huitres », à « l’hostel des Ardomphes ». Le rendez-vous fut manqué. Verlaine demeura seul à l’Hôtel des Ardennes.

Colloque sentimental

Dans le vieux parc solitaire et glacécolloque-sentimental
Deux formes ont tout à l’heure passé.

Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles,
Et l’on entend à peine leurs paroles.

Dans le vieux parc solitaire et glacé
Deux spectres ont évoqué le passé.

– Te souvient-il de notre extase ancienne?
– Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne?

– Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom?
Toujours vois-tu mon âme en rêve? – Non.

Ah! les beaux jours de bonheur indicible
Où nous joignions nos bouches! – C’est possible.

– Qu’il était bleu, le ciel, et grand, l’espoir!
– L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir.

Tels ils marchaient dans les avoines folles,
Et la nuit seule entendit leurs paroles.

Extrait de Fêtes galantes.