Le château Grandjean-Verlaine

Le château de plaisance de Carlsbourg- avec cour d’honneur- fut en fait la prestigieuse demeure du grand-oncle et en même temps oncle par alliance de Paul Verlaine. (Louise-Henriette, l’aînée, épousa son oncle et tuteur en l’occurrence le colonel Nicolas Grandjean 1821.)

La famille Grandjean-Verlaine au château de Carlsbourg (1825 – 1844)
En 1825, bien après la Révolution française et le Premier Empire, Nicolas Grandjean et son épouse Henriette Verlaine s’établirent dans le château de Carlsbourg, une grande bâtisse classique, actuellement à deux ailes, avec cour d’honneur. Malheureusement, en 1844, quelques années avant son décès, le lieutenant colonel dut revendre, non sans regret, l’ensemble de la propriété – comme infiniment trop grande, car l’entretien dépassait largement ses moyens. L’acquéreur fut l’évêque de Namur, Mgr Dehesselle qui, à son tour, le céda à la congrégation des Frères des écoles chrétiennes. (d’après Danielle Chanteux-Van Gottom, Paul Verlaine et l’Ardenne)

 Ce qu’en dit Paul Verlaine:
« D’immenses jardins, entourent cette seigneuriale demeure dont j’eusse pu, si l’avaient voulu les destinées, me voir le châtelain!. « 

Résidence de prédilection, Carlsbourg avait nourri l’esprit de famille chez les Verlaine, et aussi chez le jeune Paul. Il représentait le rêve suranné d’une vie de château et le souvenir d’une certaine grandeur déchue, ostentatoire, avec les désirs inavoués de magnificence et les bruits de palais. Serait-ce là une des demeures familiales gravées au tréfonds de la mémoire ou de l’imagination?

C’est la fête du blé, c’est la fête du pain

C’est la fête du blé, c’est la fête du pain
Aux chers lieux d’autrefois revus après ces choses!
Tout bruit, la nature et l’homme, dans un bain
De lumière si blanc que les ombres sont roses.

L’or des pailles s’effondre au vol siffleur des faux
Dont l’éclair plonge, et va luire, et se réverbère.
La plaine, tout au loin couverte de travaux.
Change de face à chaque instant, gaie et sévère.

Tout halète, tout n’est qu’effort et mouvement
Sous le soleil, tranquille auteur des moissons mûres,
Et qui travaille encore imperturbablement
A gonfler, à sucrer là-bas les grappes sures.

Travaille, vieux soleil, pour le pain et le vin,
Nourris l’homme du lait de la terre, et lui donne
L’honnête verre où rit un peu d’oubli divin, –
Moissonneurs, vendangeurs là-bas votre heure est bonne!

Car sur la fleur des pains et sur la fleur des vins,
Fruit de la force humaine en tous lieux répartie,
Dieu moissonne, et vendange, et dispose à ses fins
La Chair et le Sang pour le calice et l’hostie!

Extrait de Sagesses.