La maison des Couleuvres

Maison des Couleuvres qui abrita Paul Verlaine

Le poète Paul Verlaine y séjourna dans les années 1880, il venait rejoindre son ami d’enfance l’abbé Dewez. La maison des couleuvres est située au lieu-dit: Bojaban. Bojaban, au bout du village de Corbion, le long du ruisseau frontière entre la France et la Belgique, lui permettait de rejoindre rapidement la France car il était interdit de séjour en Belgique, suite à son agression sur Arthur Rimbaud.

Dominant ce ruisseau, la Roche des Fées et le long du ruisseau, les ruines d’une maison: la ferme aux couleuvres rebaptisée la «Maison Verlaine». Sorti de prison en 1875 et indésirable sur le sol belge, Paul Verlaine sMaison Verlainee réfugie régulièrement dans les bois de Corbion. Le choix n’est pas anodin vu que la ferme aux couleuvres est à moins de 10 mètres du territoire français et que le curé de Corbion, l’abbé Dewez est une vieille connaissance. Les habitants ne voient pas la présence de Verlaine d’un bon oeil parce qu’il est à la ferme aux couleuvres avec une femme et deux enfants sans être marié et surtout parce que sa réputation l’a précédé.

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L’endroit en soi ne mérite pas le détour: de la maison des couleuvres, il ne reste aujourd’hui qu’un muret de pierres de schiste baignant dans le ruisseau Joly. Plus de murs, plus de cheminée, plus de chemin, juste un coin envahi par les broussailles où le sous-bois reprend ses droits. L’endroit n’est certes pas joli mais il garde le souvenir des nombreux passages d’un des trois poètes maudits, à savoir Paul Verlaine, à Corbion.

 

Clair de lune

Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d’extase les jets d’eau,
Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.

Tout en chantant sur le mode mineur
L’amour vainqueur et la vie opportune
Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheurpeinture-claude-debussy
Et leur chanson se mêle au clair de lune,

Votre âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques
Jouant du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements fantasques.

Extrait de Fêtes Galantes.

 

Ô triste, triste était mon âme

Ô triste, triste était mon âme
A cause, à cause d’une femme.

Je ne me suis pas consolé
Bien que mon coeur s’en soit allé,

Bien que mon coeur, bien que mon âme
Eussent fui loin de cette femme.

Je ne me suis pas consolé,
Bien que mon coeur s’en soit allé.

Et mon coeur, mon coeur trop sensible
Dit à mon âme: Est-il possible,
o-triste-etait-mon-ame
Est-il possible, – le fût-il,
Ce fier exil, ce triste exil?

Mon âme dit à mon coeur: Sais-je,
Moi-même, que nous veut ce piège

D’être présents bien qu’exilés
Encore que loin en allés?

Extrait de Romances sans Paroles.