Tout comme Paliseul et Bertrix, Jéhonville a abrité des parents de Verlaine. En témoigne la place Paul Verlaine à Jéhonville.
L’église actuelle, surtout son clocher, est bien différente. C’est que le 25 juillet 1946, l’édifice visible sur cette photo, fut détruit par la foudre. Voici la description de ce sinistre faite par Jules Boulard dans son livre: Les naufragés de l’orage, éditions Weyrich, pages 294 et 295.
« Eclairs et tonnerre se suivent sans répit en une confusion de lueurs et de vacarme effrayants. Parfois, l’éclairage revient pour quelques dixièmes de secondes, mais ce n’est que pour s’éteindre aussitôt. Les juments que Jamet et Rouanel retiennent par le licol et tentent d’apaiser en caressant leur chanfrein, soufflent et tremblent. Bruno, le poulain se blottit contre Fina. Les deux hommes s’efforcent au plus grand calme, car ils savent que toute panique est contagieuse. Il faut parler. Ça rassure.
Je me doutais bien que tu n’irais pas jusqu’à la soutane. On en a trop vu pour croire qu’il y a quelqu’un là-haut. Ou alors un jean-foutre insensible devant toute cette misère.
On te répondra que ce n’est pas lui qui mitraille, qui bombarde, ou qui torture.
Un énorme coup de tonnerre fait sursauter les bêtes, toute la maison en tremble.
Qui est-ce qui joue avec les orages, alors?
André n’a pas le temps de répondre.
Il passe soudain dans l’air quelque chose qui ressemble à un grésillement et se faufile entre les lèvres pour glisser dans la bouche, sur le bout de la langue: un léger pincement au goût de fer.
Puis d’un coup, brutalement, la lueur intense d’un éclair terrible et aveuglant transperce les murs dans un fracas assourdissant, un craquement tel qu’on dirait que c’est la terre qui se fend!
La foudre! hurle Rouanel. Sortons!
Ils emmènent les chevaux au-dehors et les lâchent vers la prairie voisine, parmi veaux et vaches en débandade.
Ce n’est pas pour nous, crie Jamet à son tour, comme sous les bombardements. Regarde!
Et il désigne l’église voisine dont la charpente flambe déjà comme une torche.
En un rien de temps, sous la pluie et dans le vent, des gens sortis de partout courent vers l’édifice. Certains, par la porte de la sacristie, se sont précipités pour enlever les objets du culte qu’ils abandonnent de l’autre côté du chemin. Ils ont réussi à sauver le grand tableau qui représente la crucifixion, des statues de plâtre, des ornements sacerdotaux…..
Mais des craquements de plus en plus sinistres ont pris le pas sur ceux du tonnerre qui, lui, s’éloigne.
Le haut du clocher paraît fléchir, puis il s’effondre lentement sur le jubé, sur les orgues, entraînant cloches et carillon qui tintent et résonnent en s’écrasant sur le dallage en pierre, parmi les moignons de charpente et des brandons de mobilier.
Le brasier éclaire la nuit en agitant une fantasmagorie d’enfer. »
L’Eté
Et l’enfant répondit, pâmée
Sous la fourmillante caresse
De sa pantelante maîtresse:
«Je me meurs, ô ma bien-aimée!
«Je me meurs: ta gorge enflammée
Et lourde me soûle et m’oppresse;
Ta forte chair d’où sort l’ivresse
Est étrangement parfumée;
«Elle a, ta chair, le charme sombre
Des maturités estivales, —
Elle en a l’ambre, elle en a l’ombre;
«Ta voix tonne dans les rafales,
Et ta chevelure sanglante
Fuit brusquement dans la nuit lente.»
Extrait de Parallèlement.
L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable.
L’espoir luit comme un brin de paille dans l’étable.
Que crains-tu de la guêpe ivre de son vol fou?
Vois, le soleil toujours poudroie à quelque trou.
Que ne t’endormais-tu, le coude sur la table?
Pauvre âme pâle, au moins cette eau du puits glacé,
Bois-la. Puis dors après. Allons, tu vois, je reste,
Et je dorloterai les rêves de ta sieste,
Et tu chantonneras comme un enfant bercé.
Midi sonne. De grâce, éloignez-vous, madame.
Il dort. C’est étonnant comme les pas de femme
Résonnent au cerveau des pauvres malheureux.
Midi sonne. J’ai fait arroser dans la chambre.
Va, dors! L’espoir luit comme un caillou dans un creux.
Ah, quand refleuriront les roses de septembre!
Extrait de Sagesse.