Eglise Saint-Eutrope

Dès la fondation de la paroisse de Paliseul, une des plus anciennes et des plus vastes de la région, un lieu de culte avait été érigé pour accueillir les réunions pastorales des premiers chrétiens et célébrer les offices divins. On peut supposer, bien qu’aucune fouille archéologique n’ait jamais été entreprise pour retrouver les vestiges, que le bâtiment primitif était construit à l’emplacement de l’Eglise actuelle sur la colline surplombant l’entrée dans la bourgade par les chemins de Bouillon, Merny et Opont. Ce sanctuaire était orienté ouest-est, l’entrée se faisant donc par l’actuelle rue Saint-Eutrope, et son architecture tenait tout autant de l’ouvrage militaire que du lieu de culte; ses murs épais et ses tours massives servaient de protection à la population locale contre les multiples raids guerriers et autres actes de brigandage.

Les nombreuses restaurations, dues aux dégradations du temps mais surtout aux funestes conséquences de nombreux conflits, modifièrent son aspect primitif.

L’église fréquentée par Paul Verlaine lors de ses séjours daterait de 1567; on relève en effet dans une sentence promulguée le 25 mai 1566 à Liège par l’archidiacre de Famenne, que…. Les parochiens dudit Palizeux sont tenus aux corvées et forces pour la réparation de leur mère-église ruinée aux guerres dernières…

Ce vénérable édifice, menaçant ruine et devenu trop exigu fut démoli au tournant du XXe siècle et remplacé par l’église actuelle. Remarquez le changement d’orientation: orientation est- ouest et non plus ouest- est.  (d’après Jean Istace in T.H.O n°39)

Vêpres rustiques

Le dernier coup de vêpres a sonné: l’on tinte.
Entrons donc dans l’Église et couvrons-nous d’eau sainte.officedivin

Il y a peu de monde encore. Qu’il fait frais!
C’est bon par ces temps lourds, ça semble fait exprès.

On allume les six grands cierges, l’on apporte
Le ciboire pour le Salut. Voici la porte

De la sacristie entr’ouverte, et l’on voit bien
S’habiller les enfants de chœur et le doyen.

Voici venir le court cortège et les deux chantres
Tiennent de gros antiphonaires sur leurs ventres.

Une clochette retentit et le clergé
S’agenouille devant l’autel, dûment rangé.

Une prière est murmurée à voix si basse
Qu’on entend comme un vol de bons anges qui passe.

Le prêtre, se signant, adjure le Seigneur,
Et les clercs, se signant, appellent le Seigneur.
….
Extrait de Liturgies intimes (1892)