C’est de la malle poste venant de Sedan, et après un arrêt à Bouillon, que débarque, sur la Grand-Place paliseuloise, notre vacancier. Très vite, il se lie d’amitié avec les enfants du voisinage qui deviennent ses compagnons de jeux: Hector Pérot et sa sœur Clarisse, Henriette Istace et ses frères Philippe et Eugène, et Jean-Baptiste Dewez, orphelin bruxellois né le 3 décembre 1841, confié à son oncle Charles, greffier de la Justice de Paix; les retrouvailles annuelles renforçant les liens étroits entre les quatre amis.
Paysages
Au pays de mon père on voit des bois sans nombre.
Là des loups font parfois luire leurs yeux dans l’ombre
Et la myrtille est noire au pied du chêne vert.
Noire de profondeur, sur l’étang découvert,
Sous la bise soufflant balsamiquement dure
L’eau saute à petits flots, minéralement pure.
Les villages de pierre ardoisière aux toits bleus
Ont leur pacage et leur labourage autour d’eux.
Du bétail non pareil s’y fait des chairs friandes
Sauvagement un peu parmi les hautes viandes;
Et l’habitant, grâce à la Foi sauve, est heureux.
Au pays de ma mère est un sol plantureux
Où l’homme, doux et fort, vit prince de la plaine
De patients travaux pour quelles moissons pleine,
Avec, rares, des bouquets d’arbres et de l’eau.
L’industrie a sali par places ce tableau
De paix patriarcale et de campagne dense
Et compromis jusqu’à des points cette abondance,
Mais l’ensemble est resté, somme toute, très bien.
Le peuple est froid et chaud, non sans un fond chrétien.
Belle, très au-dessus de toute la contrée,
Se dresse éperdument la tour démesurée
D’un gothique beffroi sur le ciel balancé
Attestant les devoirs et les droits du passé,
Et tout en haut de lui le grand lion de Flandre
Hurle en cris d’or dans l’air moderne: « Osez les prendre! »…
Extrait de Amour.