Cette maison cossue construite en 1827 au lendemain de l’incendie qui ravagea tout ce quartier, appartenait à Marie Jeanne Dupuis veuve Philippe Hennequin et était louée depuis 1846 par le couple Grandjean-Verlaine: c’est donc là qu’a séjourné Paul Verlaine durant ses vacances paliseuloises.
Dans la description de cette habitation lors de l’établissement de l’acte de location, on relève qu’elle comprenait également une écurie et une grange. De cette demeure, le poète en donne aussi de nombreux détails. Parfois dénommé par les Paliseulois « Maison Franken », ce bâtiment a toujours servi de maison d’habitation, mais les dernières transformations entreprises par son propriétaire, l’ont profondément modifié lui faisant ainsi perdre son cachet originel. Actuellement, deux commerces occupent son rez-de-chaussée.
Tante Henriette
En 1849, fuyant une épidémie de choléra qui sévissait à Metz, le jeune Paul et ses parents viennent séjourner quelques temps chez la tante Louise Henriette, veuve depuis quelques mois; à partir de cette date, c’est presque annuellement que le futur poète viendra régulièrement passer ses vacances dans ce coin d’Ardenne… sauvage en diable avec des habitants très doux… qu ‘il appréciera beaucoup et qui l’inspirera dans bon nombre de ses œuvres.
Je me souviens de la grange parfumée des foins d’il y a 2 ou 3 mois et de la bonne odeur de l’étable où ruminaient et mugissaient de belles vaches donneuses de quel lait!
Mais où était située la demeure de la tante Louise Henriette … ma tante, sévère et de toute bonté? Un bail de location, rédigé le 18 octobre 1846, lève toute ambiguïté et apporte toutes les précisions sur l’emplacement de cette maison.
Les fréquentations tant religieuses que laïques de la tante Henriette Grandjean-Verlaine la plaçaient dans la « bonne société », ce que laisse deviner la correspondance privée. Avec son frère Nicolas Verlaine, elle entretenait l’amitié des époux Pérot, synonyme de relations de bon aloi.
Ils se tenaient assez haut et habitaient une belle maison dans la large rue de l’église à Paliseul.
D’abord receveur des postes, Joseph Pérot fut nommé bourgmestre de Paliseul; il avait épousé Eugénie Poncelet, dont la famille ne manquait pas d’honorabilité.


L’un des frères de Mme Pérot, Eugénius Poncelet, avait étudié la philosophie et l’histoire à l’Université, tant à Louvain qu’à Liège. Il fut d’abord inspecteur cantonal à Paliseul, Bouillon et Wellin, puis devint conseiller provincial en même temps que secrétaire communal d’Offagne, là où il résidait.
« Portraiturée par Trouillet, photographe à Paris-Batignolles lors d’un séjour chez son frère, tante Henriette est une dame austère mais bienveillante. Cheveux en torsades sous le bonnet blanc, elle trône, assise bien droite, le bras droit appuyé sur le guéridon, la jupe de l’ample robe noire à capeline en pointe majestueusement étalée. Elle porte fièrement à Paris la dignité de Paliseul. »
Tante Henriette semblait encore vivre dans l’aisance ancienne, en adoptant certaines attitudes de douairière, prônant les préceptes en vigueur dans ce siècle moraliste. Veuve sans enfant, elle avait désigné son neveu et filleul Paul comme légataire universel. (d’après Danielle Chanteux- Van Gottom, Paul Verlaine et l’Ardenne)
Le décès de sa tante le 23 mars 1869, le voit revenir à Paliseul pour assister aux obsèques. Pendant deux jours, il fréquente les cabarets, s’enivrant en compagnie de quelques jeunes hommes du village. Avant de quitter Paliseul, il fait et constitue, par un acte passé le 25 mars devant Maître Eugène Poncelet, notaire à résidence de Paliseul, Jean Joseph Pérot bourgmestre du lieu, pour son mandataire général dans le règlement de la succession de sa tante; les quelques biens de la défunte lui revenant pour moitié, l’autre part à sa tante Julie de Jéhonville.
