Hector Perot
Le décès de Hector Perot, devenu secrétaire communal, survenu le 30 décembre 1863, marqua profondément Paul Verlaine qui rédigea l’acrostiche suivant à sa mémoire.
Hélas tu fus Hector, au printemps de ta vie,
Enlevé sans espoir à ta mère chérie,
Cher enfant, reçois donc le tribut de nos pleurs,
Ton pieux souvenir est gravé dans nos cœurs,
O… vous qu’il a laissés sur le mortel rivage
Regarde vers le Ciel, Hector vous dit: Courage.
(Le cinquième vers a été perdu c’est Paul Humblet qui l’a remplacé.)
Sub urbe
Les petits ifs du cimetière
Frémissent au vent hiémal,
Dans la glaciale lumière.
Avec des bruits sourds qui font mal,
Les croix de bois des tombes neuves
Vibrent sur un ton anormal.
Silencieux comme les fleuves,
Mais gros de pleurs comme eux de flots,
Les fils, les mères et les veuves,
Par les détours du triste enclos,
S’écoulent, – lente théorie, –
Au rythme heurté des sanglots.
Le sol sous les pieds glisse et crie,
Là-haut de grands nuages tors
S’échevèlent avec furie.
Pénétrant comme le remords,
Tombe un froid lourd qui vous écœure
Et qui doit filtrer chez les morts,
Chez les pauvres morts, à toute heure
Seuls, et sans cesse grelottants,
– Qu’on les oublie ou qu’on les pleure! –
Ah ! vienne vite le Printemps,
Et son clair soleil qui caresse,
Et ses doux oiseaux caquetants!
Refleurisse l’enchanteresse
Gloire des jardins et des champs
Que l’âpre hiver tient en détresse!
Et que – des levers aux couchants –
L’or dilaté d’un ciel sans bornes
Berce de parfums et de chants,
Chers endormis, vos sommeils mornes!
Extrait de Poèmes Saturniens.