Le bureau du syndicat d’initiative est installé dans la maison de village, dénommée« Salle de Sauvian ». Actuellement propriété communale, cet immeuble appartenait à l’ASBL Œuvres paroissiales de Paliseul. Elle abrita une salle pour les représentations théâtrales, les projections cinématographiques et une bibliothèque. Le dimanche 20 mai 1951 un violent incendie réduisit en cendres cette maison. Une nouvelle salle de spectacle fut construite sur son emplacement. Au début des années 1970, elle devint surface commerciale avant d’être rachetée par la commune. Le clos en question, potager-verger, propriété de la famille Jean-Joseph Perot-Jeanne Eugénie Poncelet, occupait initialement l’emplacement de cette demeure.
Pour le petit Paul, quel bonheur de pouvoir jouer dans ce village tranquille, surtout dans le clos de la tante, il y a de la place, des arbres où il fait si bon s’abriter pendant les journées chaudes de l’été, tandis qu’à Metz, dans la rue Haute Pierre, ce n’était pas un endroit de rêve pour s’ébattre. Non loin de la maison de la tante Henriette et de celle des Pérot, il y avait un verger entouré d’un mur de pierre avec une porte en bois. Il suffisait de traverser la route, et à cette époque, la circulation n’était pas du tout celle que nous connaissons actuellement. Quelques chariots, charrettes, vélocipèdes; la première auto Panhard n’a fait son apparition sur route qu’en 1892.
En songeant à ces heures merveilleuses passées dans ce verger, il écrira dans «Les Croquis de Belgique»: « Bon dieu! Que j’y ai joué dans le clos de ma tante et couru et gambadé et lutté, principalement avec un gamin de mon âge. Un clos plein de tendresse! »
Après trois ans
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
Extrait de Poèmes saturniens.
Ballade à propos de deux ormeaux
Mon jardin fut doux et léger,
Tant qu’il fut mon humble richesse:
Mi-Potager et mi-verger,
Avec quelque fleur qui se dresse
Couleur d’amour et d’allégresse,
Et des oiseaux sur des rameaux,
Et du gazon pour la paresse,
Mais rien ne valut mes ormeaux.
Dans ma claire salle à manger
Où du vin fit quelque prouesses,
Je les voyais tous deux bouger
Doucement au vent qui les presse
L’un vers l’autre en une caresse,
Et leurs feuilles flûtaient des mots.
Le clos était plein de tendresse.
Mais rien ne valut mes ormeaux.
Hélas! Quand il fallut changer
De cieux et quitter ma liesse,
Le verger et le potager
Se partagèrent ma tristesse,
Et la fleur couleur de charmeresse,
Et l’herbe, oreiller de mes maux,
Et l’oiseau, surent ma détresse.
Mais rien ne valut mes ormeaux.
Envoi
Prince, j’ai goûté la simplesse
De vivre heureux dans vos hameaux:
Gaîté, santé que rien ne blesse.
Mais rien ne valut mes ormeaux.
Extrait de Amour.