L’argument de la congestion des FAI’s

 La situation actuelle: une quasi-neutralité

Bien-sûr, un bon opérateur doit offrir un service fluide et « géré », une qualité de service (Qos) minimum. Une neutralité totale sur un service payant est illusoire et il y a toujours les réalités et les contraintes techniques, pratiques et légales : la gestion du trafic, la sécurité du réseau, mais également l’illégalité de certains contenus.  « Je sais bien que le réseau ne sera pas infiniment neutre, parce qu’il faut bien traiter les pannes, (…) les engorgements, affirme Benjamin Bayart, président du French Data Network, le plus ancien fournisseur d’accès à Internet associatif de France encore en exercice.

Il n’empêche que la légalité du contenu ne doit pas être traitée sur le réseau, parce que c’est trop dangereux. Parce que ça mène à des solutions de police automatisées, parce que ça mène immanquablement à des abus de pouvoir. Parce que c’est la porte ouverte au renversement de la charge de la preuve. Enfin parce que ça remet en question la liberté d’expression« . (B. Bayart)

Ce que les FAI’s entendent par « services gérés », ce sont des canaux parallèles de celui qui supporte l’accès à Internet, qui puissent permettre à l’opérateur d’offrir des garanties supérieures («premium») en termes de bande passante garantie, de perte de paquets, de temps de latence, etc…  Historiquement entrent dans cette catégorie : la VoIP, la télévision ou la VoD, mais à terme, cette gamme pourrait s’étendre à de nombreuses autres prestations nécessitant ou demandant une qualité de service privilégiée tels les services audiovisuels en haute définition ou les jeux vidéo en ligne.

Congestion ?

L’argument de la congestion du réseau fixe régulièrement avancé comme une raison impérieuse à des « services mieux gérés » semble surtout un prétexte. Concernant la 3G (Internet mobile), il est vrai que le spectre semble étroit, mais l’infrastructure est en pleine restructuration et le citoyen ne doit pas se laisser voler l’espace hertzien qui est aussi un bien commun et non pas un vulgaire terrain à vendre au plus offrant.  Donc malgré la pénurie annoncée, il n’y a pas de raison que le principe de neutralité ne soit pas valable sur l’accès mobile.

Sur les lignes physiques, l’argument de la congestion ne tient pas la route.

« Sur une fibre optique, il y a dix ans, on faisait passer péniblement 1 Gigaoctet, alors qu’aujourd’hui, sur cette même fibre optique, on fait passer 1 Teraoctet. On est passé d’un gigabit par seconde à un terabit par seconde, autrement dit, 1000 fois plus, ce qui est le taux de croissance relativement normal dans le monde de l’informatique. C’est-à-dire qu’on est sur un triplement de capacité tous les ans ou tous les deux ans. Ça c’est le point fondamental, et c’est pour ça qui reste de la place sur ces liaisons transatlantiques. De la même manière, pour les liaisons terrestres, tout ce qui est le backbone national de transport voit sa capacité croître exactement dans les mêmes proportions et pour exactement les mêmes raisons. (B. Bayart)

D’autre part, la Belgique est assez bien câblée en fibre optique jusqu’à quelques mètres de chez vous. Jean-Claude Marcourt, Ministre belge de l’Économie, des PME, du Commerce extérieur et des Technologies nouvelles, résume la situation pour ses collègues parlementaires wallons (lien) : « Comme vous le voyez, nous disposons d’un réseau en puissance mais les opérateurs, car c’est bien de leur champ d’intervention que nous parlons ici, n’ont pas encore jugé utile de finaliser les derniers mètres de connexion.

Quelle en est la raison ?
La première raison est d’abord financière. Tout cela coûte. Dans une économie de marché, l’investissement privé aime bien être rentable, donc c’est un frein.
Deuxième raison, il y a des motivations d’ordre technologique. Les spécialistes ne s’attendent pas en effet à ce que les usages domestiques d’internet, y compris à haut et très haut débit, réclament une bande passante permettant plus de 100 mégabits  symétriques par seconde d’ici 2015. Il s’agit là d’une capacité qui permettrait l’utilisation simultanée de plusieurs interfaces à très haut débit, dont un téléviseur tridimensionnel (3D) (…) L’alternative au réseau coaxial présente sur le réseau wallon tient à la paire de cuivre opérée par Belgacom. Dans ce cas, les capacités sont moins fortes mais elles peuvent néanmoins se révéler suffisantes, estime l’opérateur Belgacom (…)  actuellement, plus de 95% de la population est raccordée aux réseaux câblés qui leur fournissent dorénavant, à la fois les services de téléphonie vocale, d’accès à l’Internet et les services interactifs de programmes audiovisuels de TV et de radio. L’infrastructure coaxiale actuelle telle qu’elle est opérée par les câblodistributeurs permettrait déjà d’atteindre cette capacité de 100 mégabits symétriques par seconde, grâce au recours à la norme Docsis 3.0. Par ailleurs, je précise qu’il n’existe pas d’obligation, ni même de recommandation européenne en matière de FTTH ».

Bien qu’utilisant toujours la « paire de cuivre » comme support, le réseau belge s’adapte plutôt bien à l’explosion du trafic et les opérateurs ne donnent pas l’impression, dans leurs offres commerciales, de craindre une quelconque congestion.

Par exemple, les grands groupes font maintenant appel à ce type de solutions qui permet de suivre la courbe d’augmentation exponentielle de la capacité de transfert de données sur les infrastructures actuelles. Ce système docsis 3,0 pourra de plus passer assez facilement à des résultats supérieurs en passant à la versions 4,0 à peu de frais pour les opérateurs.

13 P.W. – C.R.I.C. N° 66 (2010-2011) – Mardi 21 décembre 2010

Les offres fin 20111

santa_claus_internetL’opérateur Voo (technologie docsis3.0) semble ne pas trop mal se porter.

Belgacom augmentait, en aout 2011, les débits de ses formules Internet Start et Internet Comfort et ne semble pas à court de solutions (payantes).

Scarlet internet Vdsl2.

Numéricable (technologie docsis3.0)  propose tout simplement pour 5€ supplémentaires l’option FireBoost qui augmentera vos débits. Il semble donc qu’il en ait encore un peu sous le pied.

Telenet est aussi sous Docsis3 et conserve donc une certaine marge de progression.

 

Outre les politiques de prix belges (très éloignées du modèle de neutralité), les initiatives et partenariats entre FAI’s et services internet choisis et privilégiés dans le cadre d’un partenariat bizness se multiplient.

Par exemple, très récemment :

« Deezer Premium et Deezer Premium Plus » et ici

Grâce à ses réseaux, en particulier l’internet haut débit, le 3G et FON (wifi gratuit), Belgacom propose à ses clients, chez eux et partout ailleurs et sur chaque appareil, un accès à leurs services de divertissement préférés, comme Deezer.

Grâce à l’accord exclusif conclu avec le service de musique Deezer, Belgacom devient le premier opérateur en Belgique à proposer un accès illimité et gratuit au catalogue musical dans ses Packs Generation. L’abonnement de musique illimité est le service idéal pour les clients soucieux des coûts et à la recherche de forfait tout compris comme les Packs Generation.

 

La neutralité défendue par les FAI’S ?

La Neutralité soutenue par les FAI’s eux-mêmes ? C’est une des armes classiques des lobbyistes industriels : semer la confusion dans les termes en diffusant plusieurs définitions contradictoires d’une même idée. On entend parfois les FAI’s parler de soutien à la neutralité… Il s’agit souvent en fait de la neutralité des États devant leurs libertés commerciales à eux.

La confusion vient aussi de la position des instances européennes selon lesquelles le principe de libre concurrence suffira à garantir la Neutralité du net (si un client n’est pas content de son FAI, il ira voir ailleurs un autre FAI réellement neutre).  Encore faudrait-il qu’une telle diversité existe au sein d’un même pays. Regardez en Belgique: malgré l’ouverture à la concurrence, nous payons toujours un prix honteusement élevé pour un accès toujours bridé en vitesse et en volume d’échanges.  Même l’opérateur Voo  qui proposait, il y a quelques années encore, essentiellement des abonnements illimités a fait marche arrière et comptabilise dorénavant votre trafic. La première offre illimitée est à 56€/mois !! Notons que chez nos voisins français, un produit semblable coûte 20€ .   Et là aussi, les FAI’s français tentent de faire marche arrière et de brider dorénavant les abonnements.

Previous Post
Leave a comment

1 Comment

  1. Très très bonne ivretniew! Décidément, j’adore ce concept!Et je milite aussi pour avoir Naka sur Twitter! Come on, please!