Qui écrit et comment ? témoin/expert/journaliste/écrivain/collectif/anonyme?
étudier les systèmes de représentation utilisés, les intentions de leurs concepteurs et les stéréotypes culturels qu’ils renforcent.
presentation officielle des conclusions
Les grands medias mainstream se sont régalés de cette enquête, quitte à en déformer parfois les conclusions...
Que penser de la façons dont les questions sont formulées ?
La désaffection vis-à-vis des institutions peut être révolutionnaire mais elle peut aussi bien être parfaitement réactionnaire. Quand la critique adressée aux journalistes ou aux scientifiques [2] conduit au scepticisme généralisé, quand on pratique le soupçon systématique en se demandant, face à chaque information, d’où son auteur parle, on en vient à ne tolérer de parole qu’en provenance d’auteurs de son bord, à s’entourer de gourous et à tourner en vase clos. La saine critique se transforme alors en son contraire : de la recherche de la vérité, on passe au relativisme (« chacun sa vérité »), à la « post-vérité » et aux faits alternatifs comme Trump et Cie. Cet état d’esprit X-Files ou Matrix est amusant avec la science-fiction, mais il l’est beaucoup moins quand il se prend au sérieux.
L’idée de la conspiration d’une élite contre la population n’est pas seulement désarmante de bêtise. Elle est politiquement désarmante quand elle conduit à considérer que les peuples ne peuvent être que des marionnettes au profit de clans parmi les puissants
Il ne s’agit évidemment pas d’être naïf et de croire que les États entretiennent des « services secrets » pour opérer en toute transparence, ni que la diplomatie et les intérêts sonnants et trébuchants sont étrangers à leurs orientations. Que les uns et les autres tentent d’intervenir dans les conflits, qu’ils appuient tel ou tel camp, c’est de notoriété publique. Ce qui est désarmant, c’est de considérer que les choses s’arrêtent là. C’est de voir, comme les conspirationnistes l’ont fait, derrière les soulèvements populaires du monde arabe en 2011, la main de la CIA ou d’Israël. C’est de réduire les hommes et les femmes qui entrent en lutte à des troupes manipulées par ceux qui tentent de faire avancer leurs intérêts, c’est de condamner ces luttes à l’échec alors que rien n’est joué. C’est d’enjoindre à soutenir le bon clan parmi les puissants, sous le motif que les peuples ne seraient capables de rien.
Voilà pourquoi sur le fond, l’extrême droite se nourrit de la montée du conspirationnisme depuis deux décennies. À l’initiative collective et émancipatrice, le conspirationnisme oppose une vision prétendument lucide, au fond très opaque et défaitiste, où les peuples doivent se mettre au service de bons dirigeants pour espérer déjouer d’autres dirigeants. Le complotisme est bien un poison, et quoi qu’en disent les médias dominants, nous n’avons aucune raison de cesser de le combattre.