Nous-nous posons beaucoup de questions à propos des projets en cours d'élaboration sur notre territoire wallon. La visite du site digitalwallonia.be nous a plongé dans un abîme de questionnements.
Que va-t-on nous imposer? Quelles bonnes et moins bonnes idées vont forcément fleurir sur le territoire de notre commune ? Nos élus sont-ils aussi naïfs que nous ? Que feront-il face aux données et à leur gouvernance ?
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Déroulement de l’atelier en détails.
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En 2019, avec un groupe de citoyens de la petite ville de Couvin, nous avons entamé l'animation RateMe via l'appréciation sur 5 étoiles que Google-Maps intègre dans ses cartes.
Après avoir remis une note collégiale à quelques établissements du coin, l'attention du groupe s'est portée sur le paysage que dessinent petit-à-petit les algorithmes sur la ville. Enfin, pas SUR la ville mais dans une sorte de couche supplémentaire d'informations.
Très vite, il est apparu qu'il n'y avait pas une seule couche (les infos dispo sur Internet) mais de nombreux protocoles d'échange et de croisement d'informations : entre les objets connectés, les capteurs communaux, les sportifs, les GPS, les services à la personne, ... ça fait déja beaucoup de données !
Nous-nous sommes également aperçu que de nombreux projets sont en cours sur le territoire wallon et que Couvin n'échappait pas à l'ambition déclarée par nos administrations de devenir un terriroire "intelligent", une "smart city".
Le concept de 'ville intelligente' évolue constamment, de nouveaux projets étant conçus pour répondre aux besoins uniques de différents centres urbains. Toutefois, les technologies de la ville intelligente reposent essentiellement sur des capteurs reliés à des objets du monde réel , tels que des routes, des voitures, des compteurs d'électricité, des appareils ménagers et des implants médicaux. Ces capteurs connectent les objets aux réseaux numériques, à l'internet des objets, générant une quantité énorme de données pouvant être combinées, analysées pour mettre en évidence des modèles et des connexions, puis réutilisées.
Nous avons tenté d'imaginer cela sur une carte dédiée de Couvin.
Il y a plein de choses qu'on y a placées pour tenter d'imaginer à quoi ressemblerait un "couvin intelligent" (avec beaucoup de guillements).
Durant les quelques séances de réflexion autour d'un Couvin connecté, nous avons consacré plusieurs moments pour donner des 'notes'. Des notes au gens, des notes à des commerces du coin, des notes pour qualifier des relations interpersonnelles ou des moments partagés entre nous.
Ci-dessous, la video de promoton du "smart cities forum 2019", événement belge consacré au sujet. Les entreprises y sont bien représentées. Elles mettent toutes le citoyens au coeur de leur projets technologiques.
Mais ces derniers sont-ils réellement impliqués dans la démarche ? (pour indice, notez que le site de l'événement n'est disponible qu'en anglais ..... )
Nous prenons conscience que l'aventure du big data, offerte aux citoyens comme un don, comme un cadeau techno venu des cieux, comme un service gratuit comporte de nombreuses zones d'ombres. Dans un contexte qualifié d'"hyper-liberal", les données personelles et communes sont crées dans le désordre avec des finalités parfois très discutables. En tous les cas peu discutées. La région (wallonne) semble donner tout ce qu'elle peut aux entreprises qui lanceront un projet "smart" mais elles prévoit peu (pas?) d'opportunité pour le citoyen d'apprécier ces projets qui impacteront potentiellement tout-le-monde.
L’évaluation permanente aboutit à une convivialité sous contrainte; forçant les employés à sourire, à se comporter comme des domestiques.
Uber et Airbnb sont en fait des écosystèmes extrèmement réglementés. Tout le monde y est surveillé en permanence par un système de jugement croisé, sans mesurer très bien le pouvoir que le système technique exerce puisque chacun n’en voit que sa part.
il n’y a que celui qui travaille ou qui rend le service qui dépend de la note que lui donnent les clients. Travailleurs et clients sont soumis à des normes de notation différentes. Chez Uber, les chauffeurs sont remerciés quand leur note tombe en dessous de 4,6/5, mais ce n’est jamais le cas des clients.
Les syndicats imposent des règles pour réduire le pouvoir managérial. Mais comment contrôler les jugements des clients ? Il y a un problème d'assymétrie.
Un danger identifié au cours des ateliers est la « paresse naturelle » que nous manifestons au contact des technologies. Qui mémorise encore les numéros de téléphone de ses amis ? Plus personne….
Que répondrons-nous aux systèmes qui dressent des listes (IBM 1941), croisent les données et font émerger des « patterns » ou « figures » dans notre monde ?
Cette immanence d’un paysage en constante évolution, en constant calcul met au défi notre imagination, notre objectivité et notre mémoire d’être humain (comme l’invention de l’écriture ou de l’impression automatique en leurs temps).
Ces nouvelles « réalités » en sont-elles vraiment ?
Les algorithmes font des calculs et nous semblent donc « rationnels ».
Voilà une technologie qui ne parait pas rationelle puisque la machine apprend par "essais-erreurs" et ne construit pas ce que nous appellons un "raisonnement logique"
Comment l'algorithmie, ce concept-clé de notre développement scientifique, va-t-il évoluer sous le règne des super-ordinateurs ?
Le monde aura-t-il encore un sens sans eux ?
Pourra-t-on faire le grand écart entre un monde physique incertain et en devenir et un monde « calculé » et pré-construit par des systèmes plus « intelligents » que nous ?
Cette question sous-tend au final toutes les interrogations et toutes les conclusions de fins d’animation : que sommes-nous en train de bâtir pour nos enfants ?
Etat des lieux des Villes intelligentes en Belgique 2018 par le 'Smart Cities Institute de l'UL Liège :managers, chefs de services et directeurs communaux – en majorité – se sont exprimés sur :